Vous allez me haïr. Je vais vous gâcher la suspens, mais que diable ! Autant vous habituer à la réalité, tout de suite. Les parents de Lüz moururent.

Très peu d’histoires commencent par « Il était une fois ». Encore moins terminent par « Happy End ». Il se peut aussi qu’une histoire sorte de l’ordinaire, que par un miracle provoqué par les éléments de la synchronicité, elle soit régit par des lois différentes. Je pense que l’histoire de Lüz peut appartenir à cette catégorie-ci. Lüz est née dans l’amour et la confiance, dans l’abandon total de soi aux autres, dans la sérénité, au creux d’une famille unie et heureuse, liée par des chaînes inébranlables. Sa vie aurait pu être un conte de fées, comme toutes ces adolescentes qui en rêve. Elle aurait pu. Malheureusement, ce qu’on appelle communément le Hasard, caché sous une couverture nommée le Destin, et ce que je nommerai synchronicité voulurent qu’il en soit autrement.
Sachez qu’il existe de drôles de nœuds dans la chaîne des hasards.

Commençons par le début. Lüz est la progéniture de deux amants, amoureux en premier, qui se rencontrèrent sur la planète terre. Ils n’étaient pas tous les deux terriens, non. Lorca Beth était une jeune pyromancienne, originaire d’Asgard, en mission sur Terre. Elle devait ramener un étudiant au caractère un peu trop volcanique au goût de ses professeurs, qui avait profité de sa crise d’adolescence pour pouvoir élire domicile sur la planète bleue, et ainsi bousculer le train-train quotidien de ses habitants en réveillant un quelconque geyser de feu. Lorca Beth, professeur à l’école des Dieux était chargée de ramener ce petit insolant par la peau du cou, lui infliger une sanction qui lui passerait ses envies frivoles et pour finir, revenir fissa pour achever la formation de ses élèves.
La synchronicité en voulu autrement.
Pour tout vous dire, il ne peut exister de mauvais choix. Vos hésitations de suite prises en compte font parti de votre réflexion, de votre être. Le Hasard en prend compte. Ou alors, ce n’est que votre capacité à voir des signes là où il n’y en a pas qui mène votre vie.
D’une rencontre avec un beau professeur d’université, Lorca Beth comprit alors. Elle comprit tout : qu’elle devait voir où cette rencontre la mènerait car sinon, pourquoi aurait-on pris la peine de déposer ce gamin sur sa route, la menant directement à ce Mr Léviathan ?
Une attirance réciproque grandit entre les deux adultes. Elle ramena comme promis le perturbateur à Asgard, pour finalement demander à être envoyée sur Terre. Son pays lui manquerait, c’était certain, néanmoins son attirance pour Liam Léviathan était devenue un besoin, une envie, irrésistible. Sa soif de le voir ne se tarit pas : au contraire, elle grandit.
Et ce qui devait arriver arriva.
Lorca Beth tomba enceinte.

- Chéri, je… j’ai une grande nouvelle à t’annoncer. Je suis enceinte.
Lorca marqua une pause dans son récit, ne sachant trop comment continuer.
- Mais… Je ne te promets pas que cet enfant soit comme les autres. Car il y a quelque chose que je ne t’ai pas révéler sur mon identité.
Liam la laissa continuer. Un léger frisson remonta le long de sa colonne vertébrale. Elle allait bientôt lui annoncer qu’elle était la lointaine descendante d’un roi d’un pays perdu ?
- Je ne sais pas si notre couple pourra le supporter, mais j’aimerais que tu reconnaisses tout de même l’enfant, quoi que je te révèle. Je ne veux pas qu’il vive sans père.
- Je te le promets, Laura…
Elle frémit à cette appellation. Ce n’était pas son prénom. Une vague blague, prise pour duper.
- Je ne m’appelle pas Laura.
Silence.
- Je dois donc t’appeler comment ?
- Je m’appelle Lorca. Et je sais faire des choses qui peuvent dépasser tout ce que tu as bien pu imaginer.
- Quoi ? Tu vas me dire que tu es magicienne, Lorca.
- En quelque sorte. »

Liam ne cria pas, ne pleura pas, bref, ne fit pas du tout ce à quoi Lorca s’attendait. Il l’embrassa. Parce que même si Laura n’était pas son prénom, parce que même si elle pouvait contrôler le feu, parce que même si elle venait effectivement d’un pays perdu, il aimait la fille qu’il avait rencontré, et ces informations ne changeait en rien ce qu’elle avait toujours été : une femme aimante, adorable et délicieuse.
C’est ainsi que Lüz vit le jour. Lüz pour son prénom asgardien, Dekka pour son prénom terrien. Une charmante petite grenouille à la chevelure d’onyx et aux yeux d’émeraude. Une petite Pyromancienne.

Sachez qu’il existe de drôles de nœuds dans la chaîne des hasards.
Lüz apprit un peu trop tôt l’existence de pouvoirs magiques : cependant, fille d’un humain, elle ne pouvait posséder toutes les caractéristiques qu’une pyromancienne – telle que sa mère – pouvait posséder. Les accidents étaient rares, voire inexistants. Il n’y avait rien à craindre d’une gamine aux flux mitigés. Une magie certes plus instable, mais beaucoup moins puissante. Et Lüz s’en fichait. Elle était bien, avec ses petits miracles bien à elle. Une étincelle, lorsqu’elle était bébé. Une fleur qui brûle, lors de son adolescence. Peu de crises, puisque Lüz – ou plutôt Dekka – était une enfant calme et posée.
Dekka connaissait son prénom asgardien, et se laissait appeler de cette manière uniquement par ses parents. Puis, finalement, ce qui devait arriver arriva.
Lorca et Liam moururent. D’un tragique accident de voiture, et je ne vous mens pas. Derrière cet accident n’existait aucun rapport avec une sombre prophétie disant que l’enfant devait être orphelin. Lüz laissa échapper une petite bouffée de feu non-contrôlée, déstabilisant ses parents. Ils rentrèrent dans une autre voiture, qui fit une embardée. Ils s’écrasèrent contre le bord de la route, une falaise. Son père décéda sur le coup, sa mère suite à ses blessures. Lüz ne connaissait alors qu’une seule famille. La plus grande qu’elle n’ait jamais eue : Asgard. Ne sachant pas où se trouvait ce pays, elle demanda aux amis de sa mère, qui l’envoyèrent directement dans l’école d’Héphaïstos.
Sachez qu’il existe de drôles de nœuds dans la chaîne des hasards.