Tullia accepte le bras que je lui propose, puis remonte sa main jusqu'à mon visage. Bordel mais qu'est-ce qu'elle fait ? Je n'ai pas le temps de poser la question qu'elle me demande, étonnée :

« Qu'est-ce qui se passe Maël? Aurais-tu pitié de moi? »

Alors voilà. Je ne peux pas être gentil sans que cela soit bizarre. Bon d'accord je n'ai jamais été adorable avec la sirène, mais quand même. Ça m'arrive d'être sympathique, si si je le jure ! Pitié d'elle ? Je ne pense pas. Enfin je veux dire, je ne la compare pas avec un chien abandonné sur le bord de la route. J'aide simplement mon prochain (comme quoi, je peux faire des phrases un tant soit peu soutenue ! « mon prochain », faites moi rire!). -eh ! Eh ! Elle m'a appelé Maël. Serais-je en train de rêver?-

« Hm, j'hésite vois-tu, je commence à lui répondre. Et c'est vrai, j'hésite. Pas entre j'ai pitié d'elle ou non, plutôt entre est-ce que je dis que j'ai pitié d'elle ou non. Aller, je reste dans mon côté bad-boy-je-m'en-fous-des-poissons, et continue : oui, j'ai certainement pitié. Ça doit être ça. »

Comment je peux être aussi con pour mentir comme ça ? … pour ne pas tâcher ma réputation sûrement. J'aurais un poil le cafard d'être surnommé « Maël le tout doux ». Tullia me contourne, et marche en direction de la porte d'entrée. Bun quoi ? Elle a plus besoin d'aide ?

« C'est gentil futur marié qui ne veut pas l'être, mais tu sais je dois apprendre à me débrouiller seule depuis que... Enfin, me débrouiller quoi. A bientôt, Maël. »

Depuis que quoi ?
Je comprends mieux pourquoi elle n'a plus besoin de mon aide. C'est pour ne pas être une « assistée », dépendre des autres etc.
Ah, depuis que tu as perdu ta mère et que ton père n'est plus bon à rien ? Je suis sincèrement désolé, et ça vient du fond du cœur. Cela doit être plutôt horrible.

« Oh, tu ne vas pas me dire que tu as hâte de te marier ! Tchouss morue, à la revoyure. »

Morue devient presque un surnom affectueux (enfin, « affectueux », façon de parler) plutôt qu'une réelle insulte. Je retourne à ma voiture, met le contact et m'en vais.