Aïdan était du genre à vivre seul dans son trou perdu à l'abri de toute technologie. Tout ce que les hommes touche c'est mauvais pour lui. Il devait quand même bien sortir pour se nourrir et prendre l'air à vrai dire et puis les nuits étaient fraîches en ce moment et du petit bois dans a cheminée était donc nécessaire. (Puis au cas où il brûlait tout par mégarde durant son sommeil, bah il aurait au moins eu la fierté d'avoir été chercher du petit bois pour une bonne raison).

C'est donc armé d'une hache qu'il finit par entrer dans le bois, silencieux et on ne peut plus calme. Il chercha un arbre mort ou déraciné histoire de ne pas faire de mal à cette forêt (oui il a quelques principes et refuse de se comporter aussi cruellement que les humains le font). Il finit par trouver la proie idéale, un vieux chêne déraciné qui lui bloquait le passage. Il prit son courage et sa hache à deux main, brandissant l'arme pour en dépecer sa victime petit bout par petit bout. D'ailleurs il commençait à chauffer légèrement, sentent sa température corporelle augmenter un peut plus à chaque seconde, ce qui ne lui fit pas du bien à vrai dire puisqu'il tenait à utiliser la seule force de ses muscles pour parvenir à se faire un jolis tas de brindilles (enfin brindilles...). Il finit par laisser tomber la hache sur le sol, retirant sa chemise pour éponger son front en sueur le temps de faire redescendre la température. Il lança le bout de tissus sur le sol avant de se remettre au travail. Une fois tout terminé, il enfuit ses bûches dans deux énormes sacoches avant de se remettre en route.

Il fronça les sourcil lorsqu'il vit une silhouette plus loin, visiblement une jeune femme (enfin jeune femme il doutait fort qu'un humain se balade ici, question de logique), qui semblait légèrement perdue. Il s'approcha d'elle d'un pas ralentit par le poids des sacs qu'il portait.

" Bonjour " murmura-t-il sur un ton on ne peut plus calme. " Je peux vous aider? "

Bah oui ça n'était pas tout les jours qu'il rencontrait du monde encore et il jouait toujours la carte de la sympathie histoire de ne pas se faire passer pour un ermite désagréable dans la ville.

Je n'avais pas beaucoup de temps devant moi. Nous étions dimanche, et le dimanche, il n'y a pas cours. Dans ces moments là, comment faisais-je, moi, pour retrouver la vue si je n'utilisais pas mes pouvoirs? Et bien je ne la retrouvais pas, tout simplement. Ou alors je tentais de me débrouiller par mes propres moyens pour utiliser ma magie toute seule, bien que souvent, ça rate. Elève de première année, assez fragile aussi physiquement que mentalement, la maîtrise de l'eau ne m'était pas innée et me demandait beaucoup d'effort et de travail.

Ce matin, j'avais passé quelques heures sur une chose toute simple telle que de faire tomber la pluie. Je n'avais pas réussi. Entre autre: pour moi, il faisait noir, nuit, je ne voyais rien et ne verrais rien de la journée. Bien que ma détermination en ait prit un coup, je ne désespérais pas, j'avais appris à vivre avec cet handicap et tentais de passer outre. Après tout, pourquoi ne vivrais-je pas aussi bien que ceux qui voient tout le temps? J'avais moi aussi droit à une part de bonheur, non?

C'est donc souriante que je m'étais laissé vagabonder dans la forêt. Il faisait bon, chaud même, et c'est une fine robe -que j'avais choisi non pas par sa couleur que je ne voyais pas, mais pour son toucher agréable- que je me rendis dans les bois. Certains verraient ça comme de l'inconscience: se balader en forêt seule, lorsque l'on est aveugle, c'est suicidaire! Mais pour moi, c'était surtout une promenade au calme. De plus, les bois n'étaient jamais sans présence; un Elfe ou une Fée se baladaient toujours par ci par là, ou des amoureux mains dans la mains se comptant leurs histoires...

Alors que je fis une pause je ne sais trop où, une voix m'interpella.

-Bonjour. Je peux vous aider?

Je me retournais vivement, geste bien inutile puisque de toute manière, je ne pouvais voir à qui appartenait cette voix masculine. Je souris, et fis un signe de tête.

-Si vous prenez bientôt le chemin vers la ville, alors oui je veux bien que vous m'y accompagnez.

Je n'avais aucune idée de qui pouvait être cette personne, mais je ne craignais rien. De l’insouciance peut-être? Pas vraiment, il s'était montré poli et m'avait proposé son aide. Au pire si je n'avais plus la vue pour me protéger, il me restait la voix pour crier. J'attendis donc une réponse ou une réaction de mon interlocuteur. Asgard était pour moi une magnifique ville, où l'on pouvait toujours y faire de belles rencontres, cette personne me paraissant avenante, peut-être serait-elle une de ces rencontre que l'on a le mérite d'appeler amitié?

Il esquissa un sourire, visiblement inutile puisqu'il avait remarqué que quelque chose n'allait visiblement pas dans son regard. Il s'avança donc à ses mots, laissant sa charge au pied d'un arbre. Il n'allait pas beaucoup en ville ces derniers temps et s'encombrer de tout ça serait non seulement stupide, mais aussi tout à fait inutile (puis vous imaginez la tête des gens? Ceux qui ont le chauffage dans des habitations ultra-moderne alors que lui se contente de sa cabane au fin fond de nulle part entre les arbres).

" Que refuserais-je donc à une jeune demoiselle? " fit-il sur un ton toujours aussi calme et aimable. Il lui tendit son bras, par politesse bien entendu, l'éducation, un mot qui avait malheureusement fait trop partie de sa vie. " Si vous le souhaitez, mon bras est sur votre droite. " murmura-t-il, indiquant par son ton qu'il s'agissait bien là de politesse plutôt que de pitié. Jamais il n'aurait fait ça, il savait que les créatures étaient du genre à pouvoir se débrouiller seul à vrai dire et ça l'impressionnait même, cette manière de ce battre malgré tout. C'était une chose remarquable, courageuse qu'il avait aussi connu, même si son handicap à lui était incontrôlable, dangereux et que malgré son combat, cela s'était terminé en drame pourtant inévitable. Il attendit donc la réponse de la jeune femme aux traits particulièrement fins, très beau même, avant d'emboiter le pas tout en douceur. Pas la peine de courir, d'être pressé après tout.

" Je me nomme Mathieuw et à qui ais-je donc l'honneur?" Oui il fallait s'en douter, il ne donnerait pas son nom de peur que l'on n'y lise la signification, "petit feu" était d'ailleurs assez explicite. Il refusait que l'on découvre ce qu'il était. Pour lui, le feu était le mal, les enfers, la sécheresse, le chaos, rien de plus, rien de moins, même si ça contredisait son enseignement. Il trouvait ça dangereux, beaucoup trop même. Il finit par tourner la tête vers la jeune brune, esquissant un sourire qu'elle ne pouvait malheureusement voir.

" Je parie que vous êtes une étudiante, je me trompe? J’hésite entre une fée, mais je ne vois pas d'ailes dans votre dos ou alors une sirène, ce que je ne pourrais vérifier sans avoir un peu d'eau sous la main. " Bon d'accord sur le coup il lui en demandais beaucoup à cette jeune et jolie inconnue, mais il avait toujours bien aimé essayer de reconnaître une créature se cachant sous l'humain, une sorte de petit jeu personnel histoire de ne pas passer sa vie à broyer du noir, puis lorsqu'il se rendait en ville, il aimait observer les gens, rêvant d'une vie tout aussi simple et normale que la leur, de pouvoir s'endormir paisiblement sans être hanter par des cauchemars, sans se réveiller en sursaut en constatant que le décors s'embrasait.

J'entendis comme une pile de bois tomber à terre. Visiblement, je le dérangeais en plein travail. Il devait se chauffer au bois, comme mon père et moi. Je n'aimais pas la technologie, je préférais écrire à la plume, confectionner mes vêtements, lire un bon livre... Je n'étais pas une fille de la technologie, j'avais d'ailleurs eu beaucoup de mal à vivre chez les Humains. Heureusement, mes parents sur protecteurs m'avaient évité bien des peines. A Asgard, au moins, nous étions libres de choisir notre manière de vivre, j'appréciais beaucoup ça. Je souris à la réflexion de l'homme lorsqu'il me dit ne pouvoir refuser à une jeune demoiselle. Je l'entendis s'avancer vers moi, et il me chuchota poliment quelques mots pour m'indiquer son bras. Je passais le mien sous le sien, puis avançais vers lui.

Il avait remarqué mon handicap, parfois certaines personnes mettaient du temps à s'en rendre compte, déjà parce que la magie me permet de voir quelques fois, ainsi mes yeux avaient gardé une couleur foncée, naturelle même. Mais lui, il l'avait compris. J'en conclu donc qu'il était du genre observateur. Il se présenta, et j'en fis de même.

-Mon nom est Tullia. Judy si vous préférez les noms Humains, précisais-je ayant remarqué qu'il ne m'avait pas donné son vrai nom.

-Je parie que vous êtes une étudiante, je me trompe? J’hésite entre une fée, mais je ne vois pas d'ailes dans votre dos ou alors une sirène, ce que je ne pourrais vérifier sans avoir un peu d'eau sous la main.

Je souris. En effet, il était observateur, et même au niveau des races. Il est vrai que moi même j'étais frustrée lorsqu'il m'arrivait de me tromper sur la race de mes interlocuteurs. Je souris, car Mathieuw pensait que je pouvais être une fée. J'aurais adoré ça! Plutôt que d'avoir une réputation déjà toute faite: celle de toutes les sirènes, prostituées aux mauvais caractères. Au moins les Fées, on ne les voit pas comme ça.

-Ne vous donnez pas cette peine, je vous révèle volontiers que je suis Sirène. Je suis étudiante oui, à Poséidon. Et vous? Êtes vous étudiant? Ou peut-être travaillez vous?

Etant donné que les écoles mélangeaient des élèves de tous les âges, je ne pouvais même pas dire que par sa carrure imposante et donc surement son âge adulte, cela ne prouvait rien, il pouvait toujours être en première année comme moi. C'était d'ailleurs un côté d'Asgard que j'aimais beaucoup aussi. En classe, on se retrouvait avec des élèves de 10 à 40ans. Ca nous permettait de murir d'une autre manière, d'apprendre à respecter les jeunes autant que les plus âges etc...

Il ne fit qu'élargir son sourire en sentent son bras se poser sous le sien. Il se dirigea donc vers la ville d'un pas plutôt lent, après tout il n'était pas pressé, puis il aimait prendre le temps, respirer l'air frais, observer le paysage. A quoi bon courir pour finir par être aussi stressé que les hommes? Il entendit son nom, amusé par sa réflexion sur le sien. Il était loin d'apprécier les noms d'humains à vrai dire, tout ce qui les concernait ne l'intéressait pas, c'était plus une question d'habitude et de couverture, il n'aimait pas donner directement son identité, premièrement parce que d'un côté, il aimait le mystère et laisser deviner l'interlocuteur, deuxièmement parce qu'il refoulait tout bonnement sa nature et sur se point il refusait catégoriquement de se prononcer.

" Tullia, c'est un joli nom, enchanté donc de vous rencontrer. "

Les présentations, une étape difficile, banale et pourtant nécessaire, un passage forcé qu'il n'appréciait pas vraiment, mais en tant que grand curieux, il donnait une information sur lui pour en apprendre une autre, du 50-50.

Il entendit ses dires et rit légèrement, amusé. Il avait vu juste (si ce n'est pour le côté féérique). Ainsi donc cette jeune perle visiblement si douce était censé être une sorte de rival comme tout bon pyromancien et sirène qui se respectent. Au diable les principes, il ne les a jamais aimé de toute manière puisqu'il les contredisait souvent. Jamais il n'avais touché à la drogue ou l'alcool, encore moins considérer une femme comme un objet pour se "chauffer" un peut. Cette étiquette collée sur le front de son espèce était totalement ridicule. Néanmoins, il comprenait mieux sa beauté, les sirènes sont des créatures très belles et là non plus il ne croyait pas à cette étiquette qu'on leur collait sur le front.

Il fut presque soulagé qu'elle ne lui ait pas posé la question sur ce qu'il était, de toute façon il n'y avait pas 36 solutions vu sa carrure. Maintenant qui sait, il y a des exceptions.

" Je vis à Asgard depuis pas mal d'années, j'y ai fait mes études lorsque j'étais très jeune. Je suis un peu l'ermite solitaire des lieux" plaisanta-t-il. Évidement il n'avait donné aucun détail, même si dire qu'il maitrisait parfaitement son élément était déjà beaucoup, mais il doutait qu'une sirène s'intéresse à ses capacités.

" Ça doit-être merveilleux la maîtrise de l'eau " pensa-t-il tout haut. L'eau était la source de vie, un élément noble et fort contrairement au feu qui ne représente que le chaos et les flammes des enfers. Il soupira longuement à cette réflexion, continuant à marcher toujours à son aise, cette jeune demoiselle à son bras.

Que j'aurais aimé le voir, cet homme mystérieux qui se montrait si prévenant et aimable. Rencontrer a toujours été assez spéciale pour moi. Un coup je rencontre une personne en tant qu'aveugle, le lendemain je peux enfin la voir, et c'était comme si je la rencontrais pour la première fois. Ou le contraire, je pouvais rencontrer quelqu'un en tant que voyant et quelques heures plus tard, ne plus voir les traits de son visage. C'était une manière étrange de vivre, de créer des liens, de les garder, les préserver. J'avais bien souvent du mal, et je craignais de ne pas reconnaître Mathieuw si un jour je le croisais à Asgard en tant que voyante. C'est assez honteux je dois dire, passer à côté d'une personne que l'on a apprit à connaître et ne pas la reconnaître parce qu'on ne l'a encore jamais vu.

Mathieuw me complimenta sur mon prénom, il est vrai que j'avais toujours adoré mon prénom Elfique. Il avait tellement de sens! Tullia, chez les Grecs, n'est autre que la fille tant aimée de Cicéron, un célèbre orateur de l'Antiquité. En me nommant ainsi, mes parents me donnaient leur plus belle preuve d'amour. Ils m'aimaient autant que Cicéron aimait sa Tullia.
Malheureusement, ces derniers temps, j'en viens à me demander où est passé cet amour. Ma mère est décédée, mon père broie du noir et me marie à un inconnu...

-Je vis à Asgard depuis pas mal d'années, j'y ai fait mes études lorsque j'étais très jeune. Je suis un peu l'ermite solitaire des lieux.

Je souris. Pour moi, il était impensable de devenir un ermite solitaire à Asgard. Cette ville était si belle, si grande, si accueillante, si chaleureuse, unique... Comment pouvait-on vouloir s'en retirer? Et bien que certaines tensions séparent certaines races, tout se passait généralement bien à Asgard. J'adorais ces lieux.

-Où vivez-vous précisément? A la lisière de la forêt peut-être?

Il dit alors de la maîtrise de l'eau qu'elle devait être merveilleuse. A son ton, je compris qu'il avait pensé à voix haute, qu'il était dans ses pensées. Il avait raison, l'eau, c'était merveilleux. Et ça m'apportait tant! Une question me revint à l'esprit: qui était-il, lui? Il ne m'avait pas encore parlé de sa race à lui, mais j'en déduis qu'il ne voulait pas. Autant ne pas forcer les gens, je l'apprendrais tôt ou tard.

-Merveilleux, oui, merveilleux. Mais l'eau n'est pas la seule maîtrise à envier. J'aurais tant aimé apprendre à contrôler les vents...

La compagnie de Tullia était agréable et elle était visiblement très loin de l'étiquette attitrée aux sirènes. Ils allaient bientôt atteindre la limite entre la ville et la forêt et à vrai dire, il aurait voulu ralentir encore un peu. Il entendit sa question et fut presque étonné qu'elle ne pose pas celle qui devait la démanger. Non il ne vivait pas en ville, pas qu'il avait horreur de se balader parmi la foule, justement il adorait ça, mais par sécurité. Il y a des jours où il se retrouvait de nouveau là, tout seul dans son chalet à essayé d'éteindre des flammes à 4 heures du matin avec une cruche d'eau. Bon d'accord il n'avait pas besoin d'eau, mais juste un peu de maitrise, mais l'image et le résultat sont les mêmes.

" Assez loin de la ville, dans un petit coin de paradis tranquille où les oiseaux chantent "

Il rit légèrement à sa dernière remarque, même si en réalité il faisait tout pour paraître naturel. En effet lui dire "Je me tiens assez loin pour éviter de tous vous tuer pendant votre sommeil" n'aurait pas vraiment été convenable. Il reprit histoire de ne pas se faire passer pour le grand méchant loup solitaire non plus.

" Cependant je viens très souvent en ville, c'est juste que la tranquillité m'est bénéfique "

La mauvaise excuse, mais elle tenait la route, après tout il pouvait très bien être un Elfe solitaire dans sa forêt à vénérer la terre (oui bon l'image n'y est pas non plus), elle n'en savait encore rien. Il entendit son engouement pour la maitrise de l'eau et il se mit à l'envier sur le coup. Au moins à part renverser le verre d'eau sur la table de nuit, il n'y avait aucun risque.

" La terre est aussi quelque chose de fort et d'important, une certaine noblesse aussi. " Ils allaient finir par les faire tous à la fin. " Mais je pense que l'eau est un élément assez merveilleux que pour vouloir maitriser les vents, d'ailleurs je vous envie terriblement " fit-il en la contredisant, elle n'avait pas vraiment à se plaindre selon lui, qu'est-ce qu'il aurait aimer faire tomber la pluie sur son visage un jour de canicule.

Peut-être venait-il de déblatérer un peu de trop puisqu'un seul élément ne venait pas d'être cité. Il changea donc de sujet comme si de rien était, de toute façon il était curieux et aimerait en savoir d'avantage.

" Où viviez-vous avant d'arriver à Asgard? Je suppose qu'avec votre nom d'humaine vous avez vécu parmi eux. "

La question de sa race me tracassait toujours, mais je ne posais aucune question. Il semblait vouloir le cacher, pourquoi? Comment pouvait-on avoir honte de ce que l'on est? Moi même en tant qu'aveugle, je n'en ai pas honte et porte avec détermination mon handicap. J'avais bien l'intention de le rencontrer à nouveau, et même plus, de pouvoir le voir. J’espérais donc que nos chemins se recroiseraient un jour où j'aurais fais de la magie.

Ainsi donc, il vivait reculé du centre ville. Cet homme était très surprenant. Il vivait éloigné pour la tranquillité, mais appréciait la ville tout de même... Cachait-il quelque chose?

On en revint au sujet des maîtrise. Je vantais l'eau et l'air, il préférait l'eau et la terre. Et le feu dans tout ça? N'avait-il pas d'avis sur le feu? Pour ma part j'évitais de trancher: je n'avais pas beaucoup d’exemples positifs du côté des Pyromanciens, mais plutôt que de tous les enfermer dans un même sac, j'attendais de découvrir un Pyromancien digne de ce nom, sociable et aimant. Il m'enviait terriblement pour ma maîtrise de l'eau, disait-il. Et lui, que maîtrisait-il?

-Où viviez-vous avant d'arriver à Asgard? Je suppose qu'avec votre nom d'humaine vous avez vécu parmi eux.

-J'ai vécu quelques années aux Etats-Unis, souriais-je. J'en garde un bon souvenir, bien que je préfère mille fois Asgard. Et vous?

Lui aussi avait dû quitter Asgard un jour ou l'autre, puisqu'il s'était présenté sous le nom de Mathieuw. Aux sons qui nous entouraient, je compris que l'on approchait de la ville. Que nous y étions, même. Mais dans qu'elle rue, quel quartier? Intriguée, je lui demandais:

-Où sommes-nous?

Il l'écouta avec attention, son calme lui plaisait bien à vrai dire. enfin plaire, non il n’était pas du genre à draguer et mater tout ce qui était du sexe opposé, mais il appréciait plutôt ce genre de conversation tout à fait normale (enfin pas d'un point de vue humain), marchant à son aise pour profiter des joies de la nature. (Non il n'est pas de ces type on ne peu plus gnangnan s'émerveillant pour une fleure, il ne faut pas exagérer).

Elle avait donc vécu aux États-Unis, un monde qu'il avait toujours jugé de dégénéré rien qu'à en entendre parler. Bon il fallait aussi dire qu'il avait eu une toute autre éducation et culture, parmi les hommes sans vraiment se fondre dans la masse.

" J'ai grandit à Londres, ayant fait un séjour par Asgard avant de retourner chez les hommes, mais si j'y suis revenu, c'est pour de bonnes raisons, ça fait toujours du bien de rencontrer des gens "normaux", enfin de notre point de vue. Disons que j'ai une légère dent contre les humains qui ont la fâcheuse tendance à tout détruire sur leur passage.

Au moins, ça méritait d'être clair. Bon d'accord il y avait une autre raison, style provoquer des incendies incognito sans avoir à se soucier de passer dans les médias et se fasse passer pour mort.

Il releva la tête à sa question, n'ayant plus vraiment fait attention au décors qui défilait. Il s'arrêta, relâchant son bras. Après tout, elle était à destination, ou presque. Il esquissa un sourire qui lui resta malheureusement invisible, ce qu'il trouvait dommage à vrai dire. Ne pas voir le sourire des gens doit être une chose qui doit vous mettre en dépression, d'ailleurs il ne l'avais pas vraiment vu sourire.

" Nous sommes à l'entrée de la forêt, la ville se trouve à une petite centaine de mètre, près du quartier de Freyr. " soupira-t-il doucement " Où comptez-vous aller maintenant? " l'interrogea-t-il presque déçu d'avoir été trop vite, cette conversation lui plaisait à vrai dire.

Il avait vécu à Londres... Londres. J'aimais beaucoup cette ville, ma mère m'en avait souvent parlé, mais je n'y avais jamais été. Après tout, c'était inutile: sans la vue, aller à Londres me semblait bien moins attrayant. D'ailleurs, ça me donna une idée. Pourquoi ne pas se lancer dans un voyage à Londres, maintenant que je peux retrouver la vue à certaines conditions? Ce serait génial! Après, il faudrait voir si cela serait possible...

Quartier de Freyr? Parfait, je vivais rue Thor. C'était à quelques pas. Mathieuw me demanda où j'allais à présent.

-Je rentre chez moi, je n'ai pas cours avant demain et il est dangereux pour une personne aveugle de se balader seule à Asgard à certaines heures.

Il s'était reculé, mais je savais exactement où il se trouvait. Tendant un bras vers lui et une fois que mes doigts touchèrent sa peau, je déplaçais ceux ci jusqu'à son visage et posais une main affectueuse sur sa joue. Je souris. Le fait d'avoir été aveugle m'avait rendu encore plus tactile que la normale. Le toucher est très important pour une personne qui ne peut voir, alors même si parfois ça surprenait les gens, j'avais toujours besoin d'un contact physique, même minime, pour garder une empreinte de mon interlocuteur. Je caressais sa joue puis laissais retomber ma main.

-Je suis sûr qu'on se reverra bientôt, Matthieuw.

Je ne voulais pas l'embêter plus longtemps, et en même temps je souhaitais le revoir. Je me promis de le rencontrer à nouveau mais lorsque j'aurais la vue, cette fois. Je lui fis un signe de main, et avançais vers le quartier Freyr. J'avais appris à me diriger dans Asgard, par les bruits, les odeurs, les dalles par terre... J'avais mes petites astuces à oi et à présent Asgard ne m'était plus inconnue, je pouvais m'y balader librement, ou du moins presque, car bien sûr il reste quelques moments de panique où je me sens perdue, ne sais plus ou aller ou il m'arrive encore d'avoir quelques chutes pour ne pas avoir fais attention à un cailloux, un rebord etc. Mais en terme général, je m'en sortais plutôt bien.

Elle avait raison, c'était dangereux et il commençait à faire nuit, ou plutôt elle allait bientôt tombée. Il soupira longuement, à vrai dire il redoutant la nuit, refusant d'aller se tapir dans le fin fond de son lit en sachant ce qui allait probablement se produire. Puis à vrai dire il avait trouvé cette conversation peut-être banale, plutôt instructive et il appréciait ça compagnie. Il fronça les sourcils lorsque Tullia posa sa main sur sa joue, se détendent rapidement en imaginant que c'était peut-être sa façon de le voir. A vrai dire, il n'avait pas beaucoup l'habitude qu'on le touche, il était plutôt distant à ce niveau, mais là, il ne dit rien, comme s'il trouvait ça on ne peut plus normal. Il esquissa un sourire, ce qu'elle dut probablement sentir.

" Bon courage pour vos cours dans ce cas et à très bientôt j'espère aussi " fit-il sur un ton très calme.

Il sourit à son signe, ne lui renvoyant pas, ce qui serait légèrement stupide à vrai dire. Il l'observa regagner les rues de la ville avant de faire volte face et de retourner chercher son butin dans la forêt, attrapant ses sacs en vitesse histoire de rentrer avant qu'il ne fasse noir. bah de toute façon, il allumera une torche improvisée si jamais. Il regagna facilement on domicile, déposant sa charge tandis qu'il allumait la petite centaine de bougie qui trônait un peut partout sans même les regarder. Il soupira longuement, avalant un petit truc vite fait avant d'aller se glisser dans son lit peut-être trop tôt, prenant soin de bien tout éteindre et de mettre un seau d'eau à côté de lui. Il ne s'endormit pas tout de suite, les bras derrière la tête tout en regardant le plafond. il pensait à Tullia, à vrai dire cette jeune femme l'avait vraiment marquée, il ne savait pas trop bien pourquoi. Il finit par s'assoupir avec cette image.