Il était tard, mais ces derniers jours étant beaux, il ne faisait pas encore nuit. Sortant de Poséidon, je me dirigeais vers la rue de Thor, là où m'attendait le forgeron qui devait avoir fini ma commande. Qu'elle commande? Je lui avais demandé de me forger une plaque pour la tombe de ma mère... J'attendais ce moment depuis longtemps, voila une semaine que je me languissais de voir enfin ce qui recouvrirait la tombe de ma mère, alors j'avais passé toute la journée à utiliser la magie pour retrouver la vue, et ainsi admirer cette pierre tombale qui allait rappeler à tous que Madame Harper était décédée, mais qu'elle avait été une femme merveilleuse qui méritait amour et respect.

Entrant chez le forgeron, je souris lorsque celui-ci me fit signe qu'il avait fini, il avait l'air plutôt fière de son travail. J'approchais, lorsque j'entendis la porte claquer derrière moi. Je souris à l'homme qui entra, avant de reporter mon attention sur le forgeron. Je ne connaissais pas celui qui venait d'entrer, je restais donc concentrée sur ce qu'allait me rapporter le forgeron.

-Tenez mademoiselle, est-ce que ça vous plait?

J'en eu les larmes aux yeux, mais m'empêchais de pleurer. C'était superbe, il avait respecté à la lettre ce que je lui avais demandé. Une fleur ornait la plaque, une sirène était dessinée en relief sous le nom Aigue-Marine Harper, et sous ce prénom qui signifiait tant pour moi était inscrit ceci: Pour une mère chérie et regrettée.

-Merci, lui soufflais-je.

Je lui tendais de la monnaie pour le payer, mais je fus confrontée à un nouveau problème: Comment porter cette énorme plaque jusqu'au cimetière, moi qui avais des bras si fins? Je fis la moue.

La journée présageait d'être bonne et Aïdan se leva aux aurores sans aucun dégâts. Il avait fait quelques petites choses, travaillant dans son coin de paradis sans être dérangé, faisant quelques travaux d'aménagements, allant même jusqu'à cherché des fruits sauvages histoire de changer des boites de conserves très peu appétissantes. Il finit par se rendre en ville en fin d'après-midi, devant aller récupérer quelques outils chez le forgeron qui commençait à être habitué de le voir à force de faire tout brûler par mégarde. Il ouvrit la porte en faisant un signe de tête à l'homme. Il ne mit pas longtemps avant de reconnaître la jeune Tullia qu'il avait croisé l'autre fois. Elle était visiblement sur le point de sortir et était remplie d'émotions. Il fronça les sourcils en croisant son regard. Ce pourrait-il que? Alors là, il n'y comprenait plus grand chose, c'est pourtant bel et bien une aveugle qu'il avait rencontré dans la forêt, il en était persuadé. A croire qu'elle avait une jumelle. Il jeta un oeil en bon curieux sur ce qu'elle était venue cherchée et fronça les sourcils en voyant la masse. Un très joli travail qui devait représenter énormément. Avait-elle perdu un proche récemment? Il ne voulait pas s'immiscer dans sa vie privée, préférant ne pas lire par respect. Il ne posera pas la question de toute manière, il savait à quel point perdre un être cher était douloureux. Il attendit qu'elle eut finit de discuter avec le forgeron avant d'intervenir.

" Bonjour Tullia, est-ce que je peux vous proposer mon aide peut-être? Tout ça semble bien lourd. "

Il se tourna ensuite vers le forgeron, attrapant ce qu'il était venu cherché tout en lui donnant l'argent en le remerciant. Il n'attendit même pas la réponse de la sirène à vrai dire, attrapant la plaque tout de même délicatement. faire la brute n'était pas son genre. Il la laissa passer la porte avant de la suivre.

" Vous n'êtes pas vraiment aveugle n'est-ce pas? " fit-il déçu. Il n'aimait pas qu'on lui mente à vrai dire et l'espèce de confiance qui s'était instauré entre elle et lui semblait presque envolée sur le coup.

Cette plaque était superbe, j'aurais tant aimé la montrer à mon père, mais de toute manière c'était inutile il ne m'accordait plus beaucoup d'attention depuis la mort de ma mère. Sa dépression le conduisait à un renfermement total et je devais me débrouiller toute seule depuis. Au départ, ça n'avait pas été simple: être à tendance aveugle, ne pas être ni très grande ni très forte, et devoir s'aventurer dans la vie seule, tout en étant en deuil d'une mère, il m'avait fallu un temps d'adaptation, faire preuve de patience et de détermination. Mais à présent, je gérais mieux ça. Heureusement, la magie me permettait de retrouver la vue, sans ça, ça serait bien moins facile. Ce fut l'homme qui était entré il y a peu qui me fit perdre le fil de mes pensées, et j'eu un sursaut en entendant sa voix.

-Bonjour Tullia, est-ce que je peux vous proposer mon aide peut-être? Tout ça semble bien lourd.

Je restais muette et immobile durant quelques minutes, alors que lui allait chercher ses outils, payait le forgeron et prit ma plaque. Je clignais des yeux. Etait-ce bien lui? Sa voix me fit faire tout de suite le rapprochement: il s'agissait bien de Mattheuw. De plus, il était grand, et j'avais en souvenir une personne à la carrure imposante en effet. Je lui souris, mais lui semblait contrarié. Il sortit avec ma plaque, et je le suivis à l'extérieur. Il paraissait vexé et me demanda si j'étais réellement aveugle. Je compris d'où venait son malaise, il devait penser que je n'étais qu'une menteuse, une bonne comédienne.

-Bonsoir Mattheuw. Ce n'est pas ce que vous croyez. C'est... assez compliqué. Vous m'accompagnez, et je vous explique?

Je lui souris et tendis la main pour prendre ses outils rangés dans un sac, ceux-ci étant bien moins lourds que ma plaque, car avoir une aussi grande plaque en bronze dans les bras, plus quelques outils, ne devait pas être pratique. Je lui indiquais le chemin du cimetière et il me suivit. J'aimais les hommes manuels, ceux qui avaient gardé ce côté 'ancien' et qui maniaient les outils pour réparer, créer... Mattheuw semblait ainsi, en plus de couper son bois. Sur le chemin, je repris la conversation.

-En fait, je suis bien née aveugle. Je l'ai été jusqu'à l'année dernière. C'est en entrant à Poséidon que les choses se sont améliorées pour moi. Ca paraît fou, mais la magie me permet de retrouver la vue. Plus je m'améliore dans la maitrise de mes dons, plus j'ai de chance de perdre à jamais cet handicap...

Je restais sur mes gardes, au cas où. Mon histoire était assez étrange pour qu'il ne me croit pas, et ne le connaissant pas encore bien, je craignais qu'il ne s'énerve et ne me traite de menteuse. Mais bon, après tout, ne vivions pas à Asgard, entourés d'êtres surnaturels?

Elle semblait presque avoir vu un fantôme vu sa tête, ce qui quelque part l'amusait légèrement. Il l'attendit donc bien sagement, la remerciant en la sentent le débarrasser d'un poids en plus (bah oui c'est pas hulk non plus). Il l'entendit et n'avait pas vraiment le choix maintenant qu'il s'était porté volontaire pour l'aider à ne pas se faire mal en portant la plaque. Il la suivit donc, d'un pas assez lent vu le poids qu'il portait tout en l'écoutant sans l'interrompre. Il trouva son histoire très jolie à vrai dire, une belle leçon de vie quelque part du genre "la vie finit toujours par vous le rendre" et bien pour lui, ça n'était pas gagné en fait. Il esquissa un sourire, comprenant un peut mieux pourquoi elle le voyait et avait tiré une drôle de tête en le reconnaissant, c'est vrai que quelque part, c'était la première fois qu'elle le voyait, qu'elle pouvait mettre un visage sur son nom. Il la suivit jusque dans le cimetière, n'osant pas vraiment poser de question pour ne pas la blessée.

" Je trouves ça merveilleux et vous qui auraient préférée être une fée. "

Il se souvint de leur première conversation, lui envoyant un clin d'oeil avant d'arriver à bonne destination. Il attendit ses instructions pour poser la plaque au bon endroit, où et comment elle le désirait. Il s'opéra vite fait avec une grande délicatesse pour ne rien abimer, reculant d'un pas en observant le sol pour la laisser se recueillir un instant. Il accordait beaucoup de respect à ce niveau là, puis il savait ce que c'était de vouloir se recueillir, de rester là à penser à l'être aimé disparut.

" Il vaudrait peut-être mieux que je vous laisse " murmura-t-il à peine audible, s'apprêtant déjà à récupérer ses outils pour rentrer, même si à vrai dire, il n'en avait pas envie.

Je souris, car il s'était montré compréhensif, et avait cru à mon histoire. Parfois, j'avais pas mal de soucis à cause de ça, les gens ne comprenaient pas forcément que la magie puisse me guérir d'une telle maladie. D'un côté, c'était normal, de l'autre, vu le contexte dans lequel on vivait, vu l'atmosphère qui régnait dans cette ville si particulière, comment les êtres qui y vivent pouvaient se fermer à mon histoire?
Quoi qu'il en soit, Mattheuw ne m'avait pas rejeté, et je n'en étais que plus apaisée.

Nous arrivèrent au cimetière, et je lui indiquais là où j'aimerais que la plaque soit installée. Je remarquais qu'Mattheuw faisait un effort pour ne pas lire ce qui y était marqué, ce que j'appréciais. Étrangement, je n'avais même pas les larmes aux yeux, lorsque Mattheuw déposa la plaque à sa place. Non, plutôt que d'être triste, peinée, j'étais plutôt fière, heureuse que ma mère ait enfin sa plaque, belle, à son image.

-Il vaudrait peut-être mieux que je vous laisse.

Je lui souris et posais ma main sur son bras, comme pour le retenir. Je lui rendis ses outils, et sans rien dire, l'accompagnais vers la sortie du cimetière. La tombe de ma mère, je pouvais m'y recueillir tout le temps, la nuit, le jour, aveugle ou non. Alors que Mattheuw, je n'avais eu la chance que de le rencontrer deux fois, dont une fois sans la vue. Je souhaitais profiter de sa présence pour en savoir un peu plus.

-Ça te dérangerait, si on se tutoyait?

On sortit de l'enceinte du cimetière et retournions vers la ville, et je nous fis nous diriger vers la rue de Thor, afin que l'on passe par Thor'afaim, un restaurant très réputé à Asgard, car il était tard et que pour ma part, je n'avais pas encore diner.

-Tu as déjà mangé?

Il remarqua son sérieux, ne voulant pas s'imposer ici pour qu'elle se retienne de pleurer ou l'empêcher de se recueillir, ça ne se faisait pas. Il récupéra ce qu'il était venu cherché à la base lorsqu'elle lui tendit ses outils, prêt à mettre la poudre d'escampette pour retourner dans son trou perdu, mais voila qu'elle le retenais pas le bras. Il esquissa un léger sourire presque imperceptible avant de se diriger avec elle vers la sortie en silence, à croire que la parole n'était pas nécessaire pour qu'il comprenne qu'elle voulait qu'il reste. Il l'entendit le tutoyer, acquiesçant. C'est vrai qu'il se sentait plus que vieux lorsqu'on le vouvoyait alors qu'il n'avait même pas encore trente ans!

" Bien sûr que non. " murmura-t-il en lui souriant.

Il continuèrent jusqu'à passer dans un endroit où les odeurs titillaient son estomac qui se mettait presque à bouillir d'impatience puisqu'il commençait à avoir faim. Il entendit sa question et ne répondit pas, préférant le geste à la parole, il l'entraina dans le restaurant réputé, demandant une able pour deux personnes. Manque de bol, on les conduisit vers une table où trônait fièrement une chandelle, à croire qu'on les avait pris pour un couple. Il joua le jeux, tirant la chaise de mademoiselle Tullia (l'éducation encore et toujours), avant de s'installer en face d'elle tout en attendent la carte qui ne mit pas longtemps à arriver, il l'observa à peine, ayant déjà choisit. Il releva alors la tête vers la sirène.

" Tu m'avais imaginé comment la première fois? " fit-il amusé.

Vu le regard étonné qu'elle lui avait lancé à la forge, elle ne devait peut-être pas s'attendre à ça. Il se fit interrompre par le serveur, prenant commande pour eux deux tandis qu'il fit couler du vin dans leur verre. Il l'attrapa pour le lever tout en déclarant " A cette rencontre donc" " ne sachant pas vraiment quoi dire et tant donné que le "A nous deux" auraient porté à confusion vu la décoration de table.

En silence, on laissait donc porter vers le parfum alléchant qui émanait de Thor'afaim. Apparemment, Mattheuw n'avait pas diner non plus. Il nous demanda une table, et on fut servit plus qu'on ne l'avait imaginé: chandelle au rendez-vous. Tant pis, je ne voyais pas où était le mal à diner ainsi, bien qu'il n'y ait pour le moment aucun attachement de ce genre là entre nous. Il me fit m'asseoir et j'en souris, voila bien longtemps que l'on ne m'avait pas traité de cette manière là, j'appréciais beaucoup. Une fois installés, on nous tendit la carte. Aïe. Je savais d'avance ce que je ne voulais pas: du poisson -ce n'est pas si étrange, pour une Sirène- en revanche, je n'avais aucune idée de ce que je voulais. Mattheuw en revanche, semblait avoir déjà tranché.

-Tu m'avais imaginé comment la première fois?

J'ouvris de gros yeux. Question plus que difficile! Je l'avais imaginé blond, puis brun. Pour sa musculature, je l'avais toujours imaginé grand et fort, d'après ce que j'en avais senti à notre première rencontre. A sa voix grave, j'avais tranché pour des yeux bruns, ce qui ne m'avait pas trompé. Mais il était difficile d'imaginer totalement une personne par une simple voix, un simple touché. Cependant, lorsque je lui avais touché la joue, j'avais remarqué une barbe courte, qu'il devait souvent rasé. Pas barbu, donc!

-Très bonne question. Je lui fis un clin d'oeil, avant de reprendre. Question à laquelle la réponse restera cependant inconnue, parce que tu sais, lorsqu'on est aveugle, on se fait une raison. On imagine les gens sans se prendre au sérieux: Tiens il doit porter des lunettes, avoir les cheveux oranges fluos et un grand nez. Mais comme on se fait à l'idée qu'on ne vérifiera jamais...

Je ne savais pas s'il comprenait ce que je voulais lui dire, mais il avait l'air assez ouvert d'esprit pour capter au moins l'essentiel. Le serveur arriva et je du prendre une décision; des lasagnes. Je suis irrécupérables, je sais. Il repartit avec notre commande et nous servit du vin, je fis la moue, n'aimant pas vraiment le gout qu'avait cette boisson. Lorsque Mattheuw leva son verre, je me servit de l'eau dans mon verre à eau et le levais à mon tour, lui faisant un clin d'oeil.

-Rien n'est meilleure que de l'eau. A notre rencontre.

Sa réponse l'amusa, enfin sa réaction vu ses grands yeux. Il fallait avouer par la même occasion que la question n'était pas vraiment plus intelligente qu'autre chose. Il remercia le serveur une fois qu'il se retira.

" Soulagement, je n’ai pas des cheveux orange fluo et la peau verte. " plaisanta-t-il sur le coup.

Il attrapa son verre et trinqua, esquissant un sourire en coin en la voyant se servir de l'eau, ce qui au final n'était pas vraiment surprenant. Il porta son verre à ses lèvre, prenant une petite gorgée. Après tout il valait mieux limité les boissons alcoolisées, il ne tenait pas à finir en combustible cette nuit à vrai dire, puis il avait toujours un peu de mal les nuits où il avait but ne serais-ce qu'un verre. Il reposa donc le contenant sur la table.

" Attention de ne pas renverser, ça risquerait d'être embêtant de se changer en sirène au beau milieu d'un restaurant " répliqua-t-il en l'entendant vanter les biens fait de l'eau.

Il joua avec les bords de son verre à eau vide, retrouvant son calme tout en posant le regard sur la flamme de la bougie qui dansait sous son regard.

" Au fait, mon nom, c'est Aïdan. " murmura-t-il sans vraiment la regarder, plus concentré sur la flamme qui s'affaiblissait doucement, de façon presque imperceptible pour elle. A croire que son humeur et le fait qu'il espérait qu'elle ne connaissent pas les langues celtiques se répercutait par mégarde dans le feu. Il releva enfin la tête vers elle, esquissant un sourire. " Je tenais à te le dire "

Mattheuw plaisanta à propos de mon explication. Non en effet, il n'avait pas eu les cheveux verts. La plupart du temps, j'évitais d'imaginer les gens, sachant très bien que je n'avais que très peu de chance de les rencontrer un jour où je voyais. C'était un effort considérable de se forcer à ne pas imaginer une personne. D'ailleurs, avec Mattheuw, je n'avais pas réussi, je l'avais imaginé, je l'avais touché pour me faire une idée.
On trinqua et il reposa son verre.

-Attention de ne pas renverser, ça risquerait d'être embêtant de se changer en sirène au beau milieu d'un restaurant.

Il sourit avant de laisser son regard se perdre dans le vide, il regardait étrangement la flamme de la chandelle, celle-ci semblait d'ailleurs réagir à cela. Il était pensif, mais à quoi pensait-il? Tout à coup, il me souffla son vrai prénom, celui que lui avaient donné ses parents, celui de sa race. Aïdan. Je souris, ça sonnait bien. Je devinais aisément qu'il s'agissait d'un nom celtique, mais malheureusement je ne connaissais rien de cette langue. Puis, il releva la tête vers moi et me sourit. Apparemment, son prénom en disait long sur moi et semblait y tenir beaucoup. A mon tour, je lui souris.

-Et bien Aïdan, serais-tu impressionné par une transformation instantanée? Tu sais ici, les gens ne sont plus si choqués de ça, de voir des choses étranges.

Je lui souris, bu une gorgée avant de reposer mon verre à mon tour. Le serveur apporta nos plat et à vrai dire, j'étais affamée!

Visiblement elle ne connaissait pas vraiment le celte, ce qui le rassura légèrement. En fait il commençait à croire qu'elle prendrait ses distance si elle découvrait sa nature, c'est qu'ils ont tous la réputation d'être de véritable pièges à femme pour les enchainer, ce qui était selon lui immoral. Il revint à lui une fois qu'elle eu prononcé son nom, esquissant un sourire en riant légèrement.

" Je parlais plutôt du côté pratique à vrai dire "

Il tourna ensuite la tête vers le serveur qui amena les plats. Il le remercia avant d'entamer avec la jeune sirène. C'était plutôt bon. A vrai dire il passait toujours devant l'établissement sans pour autant y avoir mangé, après tout s'offrir un repas en solitaire, c'était plutôt stupide. Il avait bien entamé son assiette lorsqu'il releva la tête vers Tullia en haussant un sourcil.

" Sinon des théorie concernant ma race? " fit-il en la défiant presque du regard.

Il avait toujours aimé voir ce qu'on inventait, ce qu'on imaginait à vrai dire. Puis il était sûr qu'elle devait se poser la question sans pour autant la formuler tout haut. Quelque part les choix étaient limités, il n'avait pas vraiment la carrure d'une sirène et il ne planquait pas d'ailes sous sa chemise (ou alors c'est qu'il était doué pour les dissimuler).

Il entendit ensuite du bruit en cuisine et immédiatement fronça les sourcils tout en tournant la tête vers le cuisinier qui sortit en demandant d'évacuer les lieux de suite tandis qu'il attrapa un extincteur. Il fallait encore qu'un truc comme ça lui tombe dessus et bon sang il aurait put faire attention en cuisant ses frittes ou il ne sait quoi? Il arrivait presque à ressentir le crépitement des flammes qui avaient commencé à envahir la cuisine alors que visiblement aucun pyro e se trouvait dans la zone (ou alors n'osait pas agir). Aïdan se leva, faisant signe à Tullia de sortir et de l'attendre dehors avant de se diriger vers les lieux du drame, ouvrant la porte pour constater que la friteuse avait prit feu il ne sait trop comment. Il régla le problème en deux trois mouvements sans même utiliser de l'eau (ce qui aurait été suicidaire, de l'eau et de l'huile, ça ne fait pas bon ménage). Il ressortit ensuite, indiquant que tout allait bien avant de rejoindre la sirène.

" Tout va bien? "

Quelque part, je savais très bien ce qu'il était. Suite à notre première conversation, il ne me restait plus beaucoup de possibilité. C'était un Pyromancien. Et il en avait parfaitement la carrure! Mais s'il souhaitait ne pas me l'avouer, peut-être avait-il ses raisons. On mangea en silence avant qu'Aïdan ne me demande si j'avais des théories sur sa race. Je souris, ça question tombait bien.

-Et bien, je pencherais pour...

On entendit des cris et le serveur qui nous avait amené nos plats fit évacuer le restaurant. Hein? Quoi? Apparemment, il y avait le feu en cuisines. N'y avait-il personne pour régler cela sans pour autant nous faire sortir? Aucun Pyromancien? En Sirène, j'aurais pu y aller, mais Aïdan me fit sortir avant d'y retourner. Ma théorie n'en était donc plus une, à présent j'en étais sûr: il était bel et bien un Pyromancien. Il ressortit quelques minutes plus tard et indiqua que tout allait bien, qu'il n'y avait plus de problème. Il vint vers moi pour me demander si ça allait.

-Pyromancien, je pencherais pour Pyromancien.

Je lui souris et lui demandais s'il voulait qu'on retourne à l'intérieur ou pas, mais apparemment, aucun de nous deux n'avait oublié d'affaires à Thor'afaim et nous avions eu le temps de finir nos assiettes. On finit par se décider et on quitta définitivement les lieux. On marcha dans les rues, comme ça, simplement. Je fus prise d'un rire tout à coup.

-Finalement, ça nous fait un repas gratuit!

Il était tard, mais je n'avais pas envie de rentrer. Mon père ne se rendrait même pas compte de mon absence, autant en profiter, surtout que je me sentais en sécurité, en bonne compagnie, malgré sa condition de Pyromancien.

-Personne ne m'attend chez moi, tu aurais le temps de... me montrer un peu tes pouvoirs?

Je lui souris et mes yeux se mirent à briller, telle une enfant. Je n'avais jamais vu de Pyromancien à l'oeuvre. Déja parce que généralement, ne l'oublions pas, je suis aveugle. Ensuite parce que j'avais tendance à fuir les maîtres du feu. J'espérais qu'Aïdan accepterait.

Elle n'avait même pas eu le temps de dire quoi que se soit. Arf tant pis, il sauvera le monde à la place (ou pas). Il régla donc le problème en quelques mouvements, un travail de routine à vrai dire, éteindre des incendies, il faisait ça presque tous les matins. Voila qu'elle lui balança le nom de sa race et il se força à sourire, paraissant sincère. En même temps sur ce coup là c'était limite s'il ne l'avait pas crié sur tous les toits. Il acquiesça donc pour confirmer ses dires avant de mettre le voiles comme des voleurs (même si bon par principe et galanterie, il aurait bien payé, m'enfin il venait de sauver le commerce quelque part).

Il finit par tourner la tête vers elle lorsqu'elle se mit à rire, bien qu'il était resté silencieux un moment. Il esquissa un sourire en guise de réponse. Il fut presque surprit de l'entendre lui demander de lui montrer quelques petits tours de passe passe. A vrai dire il s'attendait plutôt à ce qu'elle reste plutôt distante vu le comportement habituel de tout pyro qui se respecte d'autant plus qu'elle était une sirène. Or il n'étais pas comme toute cette bande d'hommes constamment en chaleur qui se vantaient d'allumer une allumette sans la frotter. Il plongea son regard marron dans le sien.

" Ça fait un moment que je n’ai pas maitriser le feu, omis pour quelques petites choses comme ce soir. " Il soupira " Pour moi, le feu n'est pas un jouet qui permet de se prendre pour le plus fort ou vanter ses mérites auprès d'une demoiselle, c'est quelque chose de dangereux qu'il faut savoir utiliser avec parcimonie afin d'éviter les accidents. Même pour quelqu'un d'expérimenté ça peu très vite dégénérer et devenir hors contrôle. "

Il se stoppa au beau milieu de la rue assombrie par la nuit qui tombait un peu plus à chaque minute. Il finit par sourire tout en repérant les lampadaires encore éteints

" Cela dit, il peut parfois être utile. " murmura-t-il tout en lui adressant un clin d’œil.

Il haussa un sourcil tandis que chaque lanterne de la rue se mit à scintiller et faisait danser leurs flammes sous les yeux de Tullia. Il afficha d'ailleurs un sourire en coin satisfait, un petit exercice de routine diront-nous.

On avait filé. Comme des voleurs. Il n'empêche que dans un Restaurant aussi important -c'était le meilleur de tout Asgard!- il était inconscient de ne pas avoir un Pyromancien dans son équipe en cas d'incendie comme ce soir! Ils n'avaient pas été très pros ce soir, mais j'espérais que la prochaine fois ils ne se feraient plus avoir. Je souris, à présent persuadée qu'ils apprendraient de leur erreur. Je demandais à Aïdan de me montrer un peu ses pouvoirs, et il parut surpris. Qu'avais-je dis? Etait-il tant en froid avec ses pouvoirs? Déjà, il n'avait pas voulu m'avouer son vrai prénom, ensuite, il n'avais pas mentionné sa race, et maintenant, il était réticent à l'idée de me montrer de quoi il était capable. Etrange.

Il m'expliqua que le feu était un élément dangereux, qui peut vite se montrer hors de contrôle. J'écoutais ses paroles avec attention; il avait totalement raison! Il finit par se retourner vers moi, souriant, avant de me faire un clin d'oeil. Une à une, les lanternes de la rue s'allumèrent. Mon sourire d'enfant refit surface, et je ne quittais plus des yeux ces petites flammes qui dansaient et nous éclairaient.

-C'est étrange je sais, mais j'adore le feu. Lorsqu'il est bien utilisé, c'est un élément si précieux...

Je fini par reporter mon attention sur Aïdan et mon regard se perdit dans le sien. Je ne comprenais pas pourquoi était-il tant réticent face à sa condition de Pyromancien. Peut-être me cachait-il encore autre chose? En même temps, c'était compréhensible, on ne se connaissait encore que très peu. En ce qui me concerne, j'adore la magie. Prise d'une envie folle de me trouver en contact avec de l'eau, je lui pris la main et nous fis marcher jusqu'au lac.

-A mon tour, lui soufflais-je.

Une fois devant le lac, j'en eu le souffle coupé: il était si beau! La lune se reflétait dedans, il semblait si paisible, et en même temps si noir... J'adorais me promener au bord de l'eau la nuit, car l'eau n'en était que plus mystérieuse, plus sombre. Et pourtant, nous n'en avions rien à craindre. Je fis un sourire au Pyromancien. J'aurais adoré sauter à l'eau, mais ça voudrait dire transformation, et même si j'en mourrais d'envie; si je me transformais la nuit, il faudrait des heures avant que mon corps ne soit entièrement sec une fois que j'en sortirais. Car en effet, nos écailles de sirènes restent en place tant que notre corps n'est pas entièrement sec. Les jours de canicule: c'était bien! Il me suffisait de sortir de l'eau, de m'allonger sur le sol et hop, 10minutes après j'étais sèche et redevenue totalement humaine. Mais la nuit ou les jours de pluie... Enfin bref, vous aurez compris. Le regard perdu dans l'étendue du lac, je levais les bras vers le point d'eau, et ses eaux se mirent à onduler. J'aurais pu faire tomber la pluie, mais ça m'aurait fait me transformer aussi. Je jouais ainsi durant quelques instants avec le lac, créant des formes dans l'eau, le rendant... vivant. Avec le reflet de la lune dedans... c'était superbe!

Il était assez satisfait de la réaction de Tullia avec son regard de petite fille devant un sapin de Noël. A vrai dire il avait encore du mal à croire qu'elle était en réalité totalement aveugle alors que là, avec son regard tout à fait pétillant. Il sourit, amusé tout en faisant apparaître une petite flamme dans le creux de sa main. Précieux? Peut-être, du moins il y a quelques siècles lorsqu'il n'y avait pas encore d'électricité, maintenant d’éclairé à la bougie était plus que rare (et il fallait s’appeler Aïdan pour le faire). Il fit disparaître la flamme au creux de sa paume comme elle était apparue.

" Malheureusement, trop peu de personnes aujourd'hui savent réellement s'en servir à bon escient. " soupira-t-il doucement pour compléter sa phrase.

Il en était le principal concerné, si en cet instant il semblait parfaitement être le maître de ses flammes, il avait toujours cette fâcheuse tendance à s'emporter dans son sommeil, même si ça n'était pas réellement lui qui provoquait tout ça. Il revint à la jeune sirène, se surprenant son regard plongé dans le sien à vrai dire. Il se fit ensuite attraper par la main, mettant sa sur le fait qu'elle appréciait toucher les gens par habitude plutôt que pour des avances. Il se retrouva devant le lac sans vraiment grande surprise, curieux de voir ce qu'elle allait lui réserver. Il avait déjà vu quelques sirènes à l’œuvre, les croisant souvent lorsqu'il passait dans le coin. Il les avait toujours trouvé d'une grande grâce à vrai dire, elles étaient très élégantes (et élégant). Il l'observa faire onduler l'eau qui semblait calme au clair de lune et esquissa un sourire.

" On pourrait presque croire que l lune elle-même va immerger des profondeurs. " murmura-t-il le regard posé sur les ondulations.

A vrai dire il trouvait ça dommage qu'elle ne saute pas à l'eau pour lui en montrer d'avantage, ça aurait donné un côté encore plus magique à la scène. Mais il se voyait mal attendre des heures entières ici dans le noir à attendre qu'elle retrouve sa forme humaine. C'est vrai qu'il lui aurait donné un petit coup de main à ce moment là, un autre petit avantage du feu, mais il valait mieux rester raisonnable. Il resta un moment silencieux avant de se rappeler ce qu'elle lui avait dit sur sa ville d'origine lors de leur première rencontre. Il lui vint alors une idée un peut folle, mais il aurait bien aimé en apprendre plus sur elle, après tout il trouvait sa présence agréable et elle lui permettait d'avoir un peu de compagnie.

" Que dirais-tu de partir à Londres lorsque tu seras en vacances? C'est peut-être un peu tôt comme idée étant donné qu'on ne se connait pas encore vraiment, mais ça nous permettrai peut-être d'en savoir plus. Disons que si tu pars seule, ça n'aura pas grand intérêt, tandis que si je suis la non seulement je serais un bon guide, mais en plus je pourrais être tes yeux. "

Il lui sourit, espérant qu'elle accepte, même si l'idée semblait tirée par les cheveux, d'autant plus avec la réputation des Pyromanciens habituels qui sautent sur tous ce qui bouge et est du sexe opposé, ça ne semblait pas vraiment très rassurant. Au moins il aura essayé.

J'adorais ça. L'eau, c'était devenu plus qu'un élément pour moi. J'en avais besoin. J'étais totalement perdue dans mes pensées, en parfaite harmonie avec l'eau, lorsqu'Aïdan commenta ce que je faisais, et je lui souris, mettant fin à ma petite magie. Petite, car étant de première année, j'étais encore trop faible pour faire jaillir des torrents, ni même créer de l'eau dans mes mains, comme Aïdan l'avait fait avec le feu il y a peu. Il avait raison, la lune s'harmonisait avec l'eau sombre du lac.

-Que dirais-tu de partir à Londres lorsque tu seras en vacances? C'est peut-être un peu tôt comme idée étant donné qu'on ne se connait pas encore vraiment, mais ça nous permettrai peut-être d'en savoir plus. Disons que si tu pars seule, ça n'aura pas grand intérêt, tandis que si je suis la non seulement je serais un bon guide, mais en plus je pourrais être tes yeux.

J'ouvris de gros yeux. Des yeux de surprise. M'invitait-il réellement à aller à Londres? Avec lui? Je souris, encore une fois, comme une enfant. J'avais toujours voulu visiter Londres, de plus Aïdan était de très bonne compagnie, et sa proposition concernant ma vue m'avait profondément touché. Il était vraiment gentil.

-A mes prochaines vacances... Ca sera avec plaisir Aïdan.

Après tout, j'étais majeure, et mon père ne remarquerait même pas mon absence. Londres! J'avais déjà hâte, et c'est inconsciemment que je comptais les jours jusqu'à mes prochaines vacances. Bientôt!

-Tu as du papier sur toi? Ou du moins un stylo? Quelque chose pour te donner mon adresse? Car il serait plus probable que tu me retrouves, que l'inverse. J'évite d'aller dans les bois, à cause de ma condition... Tu passerais chez moi, un jour où il n'y a pas cours?

Il fut légèrement étonné de sa réponse, à vrai dire, il ne s'attendait pas à une affirmation. Il esquissa donc un sourire, soudainement enchanté par la nouvelle. A vrai dire il se souvenait de leur première conversation qu'elle aurait bien voulu connaître la capitale anglaise et il sentait que le courant passait bien. Oh non pas à ce point -du moins pas encore-, mais il avait rarement eu de relations amicales avec d'autres races, c'était une expérience qui lui semblait riche à vrai dire. 0 sa demande, il enfuit sa main dans sa poche, fouillant après quelque chose. Il dégota par miracle un post-it qui lui servait de liste de courses avec un crayon qu'il présenta presque fièrement à Tullia.

" Je passe assez souvent en ville, puis jamais deux sans trois de toute manière. "

C'est vrai que le hasard avait beaucoup joué depuis leur première rencontre, de toute manière il comptait bien passer chez elle, en espérant que la présence d'un Pyromancien ne gène pas, après tout, il y a des conservateurs, pire on aurait put le mettre à la porte en prétextant qu'il faisait des avance à une jeune sirène. Il récupéra le morceau de papier qu'il glissa à nouveau dans sa poche tout en la gratifiant d'un sourire en coin.

" Il commence à se faire tard tu sais, il vaudrait peut-être mieux que tu rentres chez toi avant qu'on ne s'inquiète. Je te raccompagne si tu veux. "

Sur-ce, il lui tendit son bras en gardant son sourire, quittant le spectacle qu'offrait le lac sous la clarté de la lune pour retrouver les rues d'Asgard par la rue de Thor. Il la ramena jusque devant sa porte, se stoppant enfin, même s'ils avaient prit leur temps comme s'ils voulaient profiter de la soirée.

" Nous y voila. C'est donc ici que je te laisses. "

il esquissa un bien faible sourire, passant sa main sur le front de la jeune femme pour embrasser son front. Il paraîtrait qu'il s'agit d'un signe de protection à vrai dire. Il recula ensuite d'un pas." A bientôt Tullia " souffla-t-il avant de faire volte-face et de rentrer à nouveau chez lui.